Revue 97. Un article de Jean-Louis Dupérier.

Fields Trials Gibier Tiré Ou CONCOURS d’AUTOMNE (c’est politiquement plus correct, version JC P.)

Jean-Louis Dupérier, délégué des Landes.

A QUOI SERVENT-ILS ?
Question mainte fois entendue sur les terrains ou autour d’une table ! Depuis quelques années les concours ‘’gibier tiré’’ prolifèrent, c’est une constatation. Pourquoi ? Là est la question, puisque de la bouche de certains, ils ne servent à rien !
La réponse, G. MAZEROLLES nous la donne dans la revue n°95 de la R.A.S.G. Il a écrit : le Gibier Tiré reste pour moi une discipline incontournable. Si celle-ci venait à disparaître comme le souhaite les détracteurs, les juges blasés et les incompétents, ce serait une catastrophe pour la sélection. On risque de se retrouver avec des générations de chiens qui n’auront jamais mordu dans un gibier, des chiens qui sauront courir, mais pas chasser et surtout qui n’accepteront plus les dressages poussés. Ces chiens, les chasseurs n’en veulent pas !
En Octobre 2016, à Herm, sur les terrains, j’assistais à une discussion entre un chasseur et un dresseur professionnel à la fois grand éleveur bien connu, le débat portait sur le refus de rapport même après dressage. La réponse du professionnel fut simple et rapide : l’explication est sur le pédigrée, que des chiens de printemps !
De nombreux articles ont été écrits sur le G.T. ou Concours d’Automne, avec des avis bien différents, chacun ayant ses raisons Pour moi, une seule chose doit rester gravée dans nos têtes, c’est la discipline qui se rapproche le plus de la chasse pratiquée dans nos campagnes par le commun des chasseurs. Certains parleront de ‘’cocottes’’ utilisées pour les concours, mais qu’avons-nous sur nos chasses communales, sinon les mêmes cocottes, lâchées pour certaines l’avant veille de l’ouverture et réapprovisionnées les W.E. suivants ! Heureux, les chasseurs qui ont loisir de pratiquer leur sport sur des oiseaux sauvages, grises de montagne, bécassines des plateaux Auvergnats ou tétraonidés Alpins.
OUI, les concours G.T. ou C.A. ont leur importance, quand certaines conditions sont réunies.
Il faut pour cela :
Les terrains : des terrains au biotope adapté à la discipline et suffisamment étendus pour ne pas avoir à passer et repasser plusieurs fois sur la même portion. Ceci est d’autant plus important quand les concours se déroulent en couples. Le gibier la qualité des oiseaux est primordiale. Un oiseau bien volant ne coûte que quelques centimes de plus qu’un mal ‘’emplumé’’. La balle est dans le camp des organisateurs ! Rien n’est plus triste que d’avoir à botter le c. d’un faisan pour l’aider à décoller. Cela peut arriver, mais doit rester l’accident. L’utilisation de perdreaux pourrait être une solution au coût moindre, mais ils refusent de voler dans 90% des cas, préférant trouver leur salut en rivalisant avec M. MIMOUN.
Les Poseurs/Guides : ils doivent connaître parfaitement leur terrain, avoir le même tous les jours quand il y a plusieurs jours de concours, bien sûr, dans la mesure du possible. Chasser impérativement au chien d’arrêt, lien entre toutes les personnes présentes sur le terrain. La pose du gibier doit être effectuée par des habitués. La distribution des oiseaux ne peut être la même, qu’il s’agisse d’épreuve pour chiens Britanniques ou de Continentaux, de solo ou de couple. Pour ces concours les oiseaux ne doivent être considérés que comme ‘’ustensiles’’ dans le déroulement du parcours.
L’impondérable : une météo clémente ! Pour réussir une recette de cuisine il faut de bons ingrédients et un matériel adéquat, sinon cela tient à la chance ! Il en va de même pour ces concours Participant aux fields locaux, depuis 1984 en tant que poseur/guide puis présentateur, le terrain m’a offert une certaine expérience. Il y a plusieurs raisons pour présenter ou faire présenter un chien, ce qui nous amène à voir plusieurs ‘’types’’ de chien sur les terrains : Le chien présenté en Travail pour valider un championnat de Beauté. Merci, Ms. les juges d’être si indulgents dans certains cas, car ce genre de chien ne devrait pas avoir à encombrer les concours. Le T.A.N devrait suffire !
Les jeunes chiens (- de 24 mois) qui ont besoin de se plonger dans le contexte compétition, de faire leurs classes. Oui, mais, dans des concours qui leur sont réservés et qui dès leur premier classement à l’Excellent, passent en classe ‘’Open’’. C’est possible, car cela se fait dans les pays Britanniques et certainement ailleurs.
Chien(s) de l’amateur averti, ayant des années d’expériences, étant ancien professionnel ou même juge, excellent chien, très bien mis, présenté quand tout est au point. Souvent on assiste à de très beaux parcours.
Chien(s) de l’amateur débutant, chien(s) de chasseur à l’esprit sportif qui veut se frotter au gratin, c’est très bien, mais, il faut comme pour les jeunes chiens des concours ‘’Spécifiques’’ avec un juge pédagogue, formateur, pas un juge suivant le parcours de loin et donnant l’impression de s’em…
C’est à ces conditions que les Amateurs reviendront à une discipline qui leur était réservée et qu’ils ont déserté. Ne faut-il pas modifier certaines règles du ‘’jeu’’ afin de voir une participation plus massive des amateurs présentant leur(s) chien(s) de chasse. Base pyramidale de notre élevage, qui ne l’oublions pas est axé vers la CHASSE. Une ‘’sélection’’ existe pour les chiennes : le T.A.C
Chien(s) présenté(s) par un professionnel. Tout doit être parfait, sauf que l’on ne peut demander à un sportif d’être toujours au mieux de sa forme ! C’est pour cela que l’on assiste parfois à des parcours peu brillants !
Un seul critère d’appréciation, il est tout simple : Le bon chien est celui que l’on mettrai avec plaisir dans sa voiture, pas comme peluche, mais pour aller à la chasse. Pas un de ces chiens qui jouent les essuieglaces et récitent la leçon durement apprise, mais un chien ayant le sens du terrain, de l’entreprise, prenant des risques, ayant de l’avidité dans sa recherche, de la continuité dans les mouvements, tout cela faisant oublier les petites imperfections de la quête, le mouvement des oreilles à l’envol et le mètre fait au cul de l’oiseau lors du coup de feu, ou le départ au rapport avant ordre. Ces petites imperfections dues à la passion ne devant servir qu’à départager les éventuels ex aequo en haut du classement. Un chien avec les qualités énumérées cidessus ne peut que se classer, ensuite le qualificatif attribué dépendra de beaucoup de choses !
Une anecdote : un jour à Herm, présentant en fin d’après midi un chien ( trialer de printemps et de gibier tiré) sur un terrain où les 3 derniers concurrents n’avaient pas trouvé d’oiseaux, un des participants me souhaite ‘’bon courage’’.
Question : pourquoi ? Réponse : il n’y a plus rien ! C’était un carré de grands pins ceinturé par ce que nous appelons dans nos Landes, un ‘’barradeau’’ (talus).. On attaque plein carré et après un court lacet à droite, direction la bordure de gauche, 50 mètres arrêt S.E.F. excellent rapport plein de gaité. Relancé, même direction, même final. Ceci 3 fois en 8/10 minutes. Les dernières furent longues, très longues. Le juge donna les résultats sur le terrain : C.A.C.
Un présentateur, qui avait suivi la scène demanda : comment ce chien pouvait-il avoir un C.A.C. sans avoir fait un lacet. L’explication du juge ne se fit pas attendre. Le vôtre, a bien découpé son terrain mais n’a pas trouvé d’oiseau, lui a fait preuve d’intelligence et de sens de la chasse, je n’ai rien à lui reproché! Les explications ne furent pas convaincantes pour tout le monde!
Le seul reproche que l’on aurai pu lui faire ce jour-là, est de ne pas avoir récité bêtement la leçon : droite, gauche, 30 m devant. A contrario, il a fait preuve d’intelligence en se remémorant les bonnes places de sa cour de récréation.
Les Concours d’Automne n’ont rien de dévalorisant, puisque certains professionnels y participent présentant des champions de quête de chasse et même de grande quête, démontrant ainsi leur facilité d’adaptation et de dressabilité. Qualités importantes pour l’image de marque d’une race, surtout aux yeux des chasseurs, qui sont, il ne faut pas l’oublier, les principaux utilisateurs de notre race.
Les Concours d’Automne se doivent d’être l’étrier pour le chasseur local a l’esprit sportif, il vient d’abord voir, puis un jour se décide à tenter le ‘’coup’’, toujours pour voir. Si l’organisation a fait son travail comme il se doit, à savoir : un accueil sympathique, des explications simples et claires sur le déroulement de l’épreuve, a choisi ’’ Le Juge’’, celui qui donne des conseils durant le parcours, des explications en fin et si cerise est sur le gâteau, le poisson est ferré ! J’ai maints exemples à citer.
Les Concours d’Automne doivent aider le chasseur à découvrir autre chose. En premier lieu, les chiens des ‘’autres’’, cela ouvre les yeux, on a toujours le meilleur quand on n’en connait pas d’autre.
Il permet lors de ‘’3iéme mi-temps’’ d’échanger avis et idées, de refaire le monde, le tout dans une ambiance bonne enfant, où esprit sportif et convivialité doivent garder toute leur signification.
J’espère ne pas avoir fait une sortie de main ni avoir été trop ennuyeux dans mon analyse.
Celle-ci n’a qu’un seul but : REDONNER une image de marque à nos CONCOURS d’AUTOMNE car c’est la discipline se rapprochant le plus de ce que pourquoi notre Setter a été créé : la CHASSE.

Amicalement à tous.

Jean Louis DUPERIER